mardi 10 février 2015

L'Ensorcelée (1852)

Redécouverte totale que cette Ensorcelée, roman lu au lycée et totalement oublié par la suite.


C'est une histoire macabre et lugubre qui se déroule dans une lande désolée du Cotentin au début du XIXe, au lendemain de la Révolution. Racontée en pleine nuit par un paysan des lieux à notre narrateur, elle parle de la passion destructrice de Jeanne pour le terrifiant abbé de La Croix-Jugan. Cette noble désargentée ayant épousé un riche paysan, un Bleu qui s'est enrichi en rachetant des biens de l'église, est comme ensorcelée quand elle rencontre cet abbé au visage ravagé, ancien Chouan interdit de messe car il a tenté de se suicider.

À mes yeux, L'Ensorcelée est un livre parfait.

Déjà parce que Barbey écrit merveilleusement bien, comme un Maupassant ou un Zola: cette langue élégante et riche du XIXe est ce que je préfère en français. Ensuite, parce qu'il a créé des personnages plus grands que nature qui ne peuvent laisser indifférents. Qu'on les aime ou qu'on les redoute, ils nous ensorcellent forcément. Pour ma part, c'est la Clotte qui m'a le plus marquée. Ensuite, parce qu'il n'a pas peur de regarder l'horreur en face, encore comme un Maupassant ou un Zola. Il y a fort peu d'espoir dans ce livre et l'histoire se termine mal pour tout le monde, d'une manière tellement lugubre que mes cheveux se sont pratiquement dressés sur ma tête. Ensuite encore, parce qu'il y a une petite touche de surnaturel assumé, mais discret, juste de quoi semer le doute, un peu, encore une fois, comme chez Maupassant.... Et enfin parce que ce roman est un roman historique qui m'a fait redécouvrir tout un pan de l'histoire de France que j'avais complètement oublié, à savoir la Chouannerie, le mouvement des royalistes insurgés contre la Révolution, en Normandie qui plus est (et pas en Vendée). Et même si Barbey fait un peu vieux aigri à répéter que "c'était mieux avant", le temps de ces 270 pages j'ai moi aussi regretté le monde disparu de l'Ancien régime...

Un livre très marquant, qui m'a captivée et que j'ai fini à regret, mais qui ouvre heureusement d'autres portes: Barbey a écrit d'autres livres et Balzac a écrit Les Chouans...

"[...] mais la messe de l'abbé de La Croix-Jugan n'est pas une messe de Noël, c'est une messe des Morts, sans répons et sans assistance, une terrible et horrible messe [...]."

2 commentaires:

  1. J avais essayé de lire Les Chouans quand j étais ado. J'ai fini par rebaptiser le livre Les Chiants. Je préférais Zola à Balzac on va dire...

    Je ne connais pas du tout celui-là par contr.

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    1. Haha je me préparerai alors XD En fait Balzac est un peu fluctuant pour moi. On verra.
      Je crois que Barbey est relativement peu connu en fait. En tout cas, je n'en ai jamais entendu parler en dehors du contexte où je l'ai découvert, un cours de français en L.

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