jeudi 12 mars 2015

Le Livre des contes perdus II (1984)

Après plusieurs longs mois passés à renvoyer ma lecture, j'ai enfin attaqué Le Livre des contes perdus II, deuxième tome de l'immense Histoire de la Terre du Milieu et suite directe du Livre des Contes perdus I.


Une bonne surprise: hormis les deux derniers textes, ce tome-ci est beaucoup plus "lisible" que le premier, notamment parce que le style de rédaction est moins archaïque. Tolkien reste très désuet et grandiloquent, mais pas au point de rendre la construction de ses phrases difficile à appréhender.


The Tale of Tinúviel
Première version de la belle histoire d'amour de Beren et Tinúviel, avec pour principale différence que Beren est ici un elfe et qu'il y a des chats démoniaques. Le reste de l'histoire est sensiblement ce qu'elle sera dans Le Silmarillion. J'aime beaucoup ce récit et la version proposée ici est assez finalisée, elle se lit donc très bien.

Turambar and the Foalókë
Première version de l'histoire de Túrin, un des malheureux enfants de Húrin. Je n'aime pas du tout ce personnage impulsif et j'ai déjà lu son histoire de nombreuses fois (deux fois dans Le Silmarillion, deux fois dans Contes et légendes inachevés, une fois dans Les Enfants de Húrin), du coup il m'est particulièrement sorti par les trous de nez. Comme Tinúviel, le récit est cependant bien construit et complet.

The Fall of Gondolin
Un de mes épisodes préférés du Premier Âge de la Terre du Milieu, le récit de la chute de Gondolin réunit la splendeur et la nostalgie d'un monde perdu que j'adore chez Tolkien. Cette cité cachée au cœur des montagnes, joyau des elfes et sorte de souvenir de la lumière de Valinor vu qu'il y pousse deux arbres nés des premiers Arbres qui ont illuminé le monde, est juste sublime, et ce d'autant plus qu'on sait dès le début qu'elle est condamnée par la haine et les hordes de Melko. Ce sont Tuor, un homme, et sa femme Idril, elfe fille du roi de Gondolin, qui vont mener vers le sud quelques survivants, dont leur fils Eärendel.

The Nauglafring
L'histoire de l'or du Foalókë, dont les Nains ont fait un collier superbe pour que le roi des elfes Tinwelint (le futur Thingol de Doriath) y porte le Silmaril volé par Beren à Melko. Mais l'or est maudit et entraînera la chute de ce beau royaume. J'ai nettement moins aimé ce récit. On retrouve le thème éternel de la fascination maléfique des possessions matérielles qui finissent par ruiner ceux qui les aiment trop, et parfois on a l'impression que les personnages manquent vraiment de bon sens. En plus, les fils de Feänor sont vraiment odieux.

The Tale of Eärendel + The History of Eriol or Aelfwine and the end of the tales
Ces deux derniers chapitres sont des essais, Tolkien n'ayant pas proposé de version définitive (ou partiellement définitive) dans les carnets devant devenir le Livre des contes perdus. Christopher Tolkien compare donc des notes et quelques paragraphes rédigés. C'est un travail de fourmi à l'intérêt relatif et j'ai donc pas mal survolé.

D'une manière générale, j'ai ressenti une pointe de lassitude en lisant ce livre: d'une part parce que  j'ai déjà lu toutes ces histoires ailleurs et d'autre part part parce que la destruction systématique des bonnes choses par des individus bornés m'a un peu agacée. Je pense parfois que Melko n'avait pas besoin de se donner tant de peine pour détruire les elfes, ceux-ci s'auto-détruisaient très bien tout seuls!

J'en retiens cependant, comme toujours, un respect immense pour le travail si minutieux de Tolkien et une fascination sans bornes pour le monde merveilleux qu'il a créé. Et quelques détails que j'ai redécouverts ici: Tinúviel n'était pas juste une elfe, c'était la fille d'un elfe et d'une maïa; Eärendel (futur Eärendil), fils de Tuor et Idril et donc demi-elfe, a épousé Elwing, petite-fille de Tinúviel et donc elfe partiellement maïa; et leur fils s'appellera Elrond. (Je savais bien qu'Elrond descendait de Tinúviel mais je ne me souvenais pas bien des étapes et j'avais totalement oublié qu'Eärendel était concerné.)


Comme le premier tome, il s'agit d'une lecture à réserver aux gens vraiment mordus de Tolkien et ayant déjà lu ses autres œuvres, notamment Le Silmarillion. C'est beaucoup trop complexe pour des novices et bien trop studieux pour quelqu'un qui n'est pas passionné par l'auteur et son univers; et il faut bien savoir que le temps de lecture n'est pas proportionnel au nombre relativement modeste de pages (380 dans mon édition, 445 au Livre de Poche).

Prochaine étape: Les Lais du Beleriand. J'espère ne pas laisser passer trop de temps avant de m'y atteler! (Mais un peu quand même, car j'aurai alors la joie de lire encore une fois l'histoire de ce cher Túrin, et en vers en plus, et sous deux versions, donc je risque de craquer si ça vient trop tôt! ^^)

6 commentaires:

  1. Là on est clairement dans l'exégèse de Tolkien, c'est trop pour moi. Je préfère m'intéresser à l'oeuvre plutôt qu'à sa construction (en tout cas pas avec cette approche aussi minutieuse).
    Mais je comprends complètement l'intérêt qu'on peut y trouver.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui tu as trouvé le bon mot! Et c'est drôle car je travaille pour une cliente spécialiste de l'exégèse au XIIème siècle, du coup je réalise que je baigne dans l'exégèse en ce moment.

      Supprimer
  2. Je ne sais pas trop ce que je peux te souhaiter pour Les lais, c'est un sacré morceau... ceci dit je trouve que c'est plus facile à lire parce que c'est du récit en vers, y'a un peu plus de rythme (mais tu n'as pas fini de bouffer du Turin, je pense que c'est l'histoire la plus représentée dans tous les volumes xD)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Haha joie bonheur. Bon on verra si les vers me changent tellement qu'il en devient tolérable ce pauvre Turin.

      Supprimer
  3. Ce sont des très beaux livres ^^

    RépondreSupprimer

Exprime-toi, petit lecteur !